Saint Nicolas délivre la Grèce de sa dette, 2012.
Ambrogio Lorenzetti, " Saint Nicolas délivre la ville de Myre de la famine" 1335. « SARKOZY, OU QUAND TARTUFFE SE PREND POUR SAINT NICOLAS »
En 1437, Fra Angelico peint un tableau qui se trouve aujourd’hui exposé à la Pinacothèque Vaticane de Rome. Il y illustre deux miracles de Saint Nicolas, le saint protecteur des marins, mais aussi des marchands. Il les préservait du vol et des revers financiers. Il dotait d’or les jeunes filles pour qu’elles puissent se marier. « Alors qu’au Moyen Age, l’Eglise se préoccupait surtout d’ascèse et de l’au-delà, elle avait désormais besoin, pour séduire ses ouailles, d’un saint qui ne méprise pas trop les biens matériels. » (« Les dessous des chefs-d’œuvre », Rose-Marie & Raines Hagen, Tome 1, Taschen, Köln Germany. Imprimé en Chine).
Dans le tableau de Fra Angelico, Saint-Nicolas apparaît lui-même en deux endroits différents : en haut à droite, dans le ciel, occupé à porter secours à des marins en perdition, et en bas, à gauche, de profil, le visage entouré d’une auréole en or, en train de remercier un capitaine qui lui a cédé une partie de son chargement de blé. D’après la légende, Nicolas multiplia en effet le blé de façon miraculeuse, sauvant ainsi la ville de Myre de la famine. Il exécuta ce tableau à une époque de profonde mutation. Le marchand Cosme de Médicis venait alors d’asseoir son pouvoir économique en prenant le pouvoir politique sur la cité de Florence. «L’année 1436, nous informent aussi les deux auteurs du livre, fut en outre marquée par l’inauguration de la cathédrale de Florence, dont l’immense coupole devint le symbole visible d’une ère nouvelle, celle de la Renaissance.
Je continue à citer textuellement les auteurs et vous conseille vivement la lecture de leur livre, mais signalons toutefois que l’article sur le tableau de Fra Angelico a pour titre : « Un Saint ayant le sens des affaires ».
« Avant même que le christianisme se propage, le 6 décembre était déjà une date importante car c’est à cette période de l’année que débutent en méditerranée les tempêtes d’hiver qui rendent la navigation dangereuse, et indispensable la protection des forces célestes et sous-marines. Dans l’Antiquité, les marins sollicitaient Poséidon et Neptune, Reprenant les mêmes attributions, Nicolas devint le saint patron des matelots. L’importance de ce culte était également liée à la situation géographique de Myre. Située sur la côte sud de l’actuelle Turquie, en plein littoral montagneux, Myre était le port d’où les navires partaient pour Alexandrie. De là, au lieu de suivre le littoral, comme cela se faisait à l’époque, ils piquaient droit vers le sud et perdaient tout repère côtier. Dans ces conditions, on comprend que les marins et leurs capitaines se soient recommandés à leur saint avant de quitter le port et qu’ils aient cherché à s’assurer de sa protection contre les dangers du voyage, une expédition considérée à l’époque comme un véritable « voyage vers le gouffre ». L’épisode du sauvetage en mer est l’une des plus anciennes légendes liées à Saint Nicolas… Le peintre décrit la scène de façon beaucoup plus détaillée. Cette fois, la mer est démontée et le voilier est poussé vers les rochers du littoral, sous le regard d’un monstre marin. Nicolas intervient alors en faisant souffler le vent de la côte de façon à éloigner le navire des rochers. Or, pour cela, il faudrait que le navire ait viré de bord, car il ne peut pas faire marche arrière. Mais il suffit que le saint effleure la voile de sa crosse pour que le miracle s’accomplisse. La popularité de Nicolas se répandit tout d’abord en Orient, dans l’Empire byzantin. Puis, face à la propagation de l’Islam, des marins italiens dérobèrent à Myre les reliques du saint et les apportèrent à Bari, où elles sont conservées depuis 1087. Depuis le port de Bari, les marins popularisèrent son culte jusqu’en Europe du Nord, où il devint le patron protecteur de la Hanse, et plus tard de New-York. Il est l’unique saint à avoir survécu à la Reforme dans les régions protestantes. Aujourd’hui, ce sont les catholiques qui ne savent quelle attitude adopter à l’égard de Nicolas. Car n’ayant jamais été canonisé officiellement, il n’est théoriquement pas habilité à porter le nimbe… »
Voilà pour la comparaison ; un passage très intéressant qui pourrait nous aider à décrypter l’affiche de campagne de notre Tartuffe candidat-président et sa fâcheuse prétention à vouloir sauver la Grèce et l’Europe de la crise financière actuelle: « D’après une autre légende, alors que le port de Myre était frappé par une terrible famine, des navires remplis de blé étaient prêts à appareiller pour Constantinople. Nicolas dit aux matelots qu’ils n’avaient qu’à donner cent mesures de blé par vaisseau pour sauver les affamés. Mais le marins répondirent : -Nous n’oserions, père, car il a été mesuré à Alexandrie, et nous avons ordre de le transporter dans les greniers de l’Empereur. »
Dans la voix des matelots, on croirait entendre les diktats d’Angela Merkel ou des sbires de la Banque Centrale Européenne et du Fonds Monétaire International. Mais ne désespérons pas, écoutons d’abord la réponse du Saint : « Faites pourtant ce que je dis, et je vous promets que, par la puissance de Dieu, il ne vous manquera pas le moindre grain devant le commissaire de l’Empereur. Et il en fut ainsi. Nicolas multiplia également le blé destiné à la ville de Myre, si bien que, pendant deux ans, les habitants en eurent assez pour la nourriture et pour les semailles… Le pain et le blé sont très présents dans les légendes de Saint Nicolas, qui possède à l’origine une dimension de dieu païen de la fertilité. Parmi ses attributs figurent trois miches de pain qui, à l’approche des tempêtes, étaient jetées par-dessus bord dans l’espoir de calmer les flots… »
Inutile de chercher plus loin. L’article se passe de commentaires. Les grands évêques communicateurs de la campagne d’un Nicolas Sarkozy usé et en déroute, vont, avec leur affiche, chercher très loin dans l’histoire de l’Europe, des symboles susceptibles de créer un effet immédiat sur l’inconscient collectif d’un peuple victime de manipulateurs en tout genre. Si je vous envoie cette page Web, c’est pour que chacun puisse la diffuser, car il faut rester vigilant et contrattaquer sans arrêt devant l’effet pervers de la propagande par l’image qui se cache derrière l’affiche de campagne de Nicolas Sarkozy. On l’y voit presque de profil, ayant pour fond la Mer Egée, sur laquelle est écrit en grandes lettres blanches « LA FRANCE FORTE ». Il est important de signaler également qu’en matière d’économie et de finance, l’actuel président candidat s’est avéré un très mauvais gestionnaire. Il me vient à l’esprit l’épisode de la vente des stocks d'or de la Banque deFranceparNicolas Sarkozy quand il était ministre de l’Economie de Chirac en 2004 ; un vrai fiasco commercial. La Cour des comptes pointe, dans son rapport annuel publié aujourd'hui, des erreurs d'appréciations sur la question de la vente d'une partie du stock d'or de la Banque de France survenue entre 2004 et 2009. En mai 2004, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Economie, annonce la vente de 500 à 600 tonnes d'or de la Banque de France sur 5 ans. La France pourra placer l'argent ainsi dégagé sur des devises et des placements obligataires, dont les intérêts serviront à réduire la dette. Une erreur d'appréciation que met en avant la Cour des comptes dans son rapport annuel. Devant cela, la conclusion s’impose: Nicolas Sarkozy, en matière de commerce et de diplomatie n’arrive même pas à la cheville du vrai Saint Nicolas. Sans parler de la liste de promesses faites en 2007: « travailler plus pour gagner plus », « le président du pouvoir d’achat », etc. ; promesses non tenues… Mauvaise gestion dont il essaie, comme toujours, en bon Tartuffe qu’il est, de se laver les mains en nous faisant croire que c’est la faute de la crise. Du coup, au lieu de favoriser l’image que son affiche de campagne veut donner de Nicolas Sarkozy en tant que saint sauveur, au lieu de l’aider à émerger, ce tableau de Fra Angelico l’enfonce encore plus dans la fange de l’imposture. Il s’avère que quand un gouvernant fait appel à de vieilles icônes pour renaître de ses cendres, c’est que sa démagogie et ses mensonges ne suffisent plus pour consolider son pouvoir. Alors, volontairement ou sans s’en rendre compte, la seule issue qui reste est celle du despotisme… Il ne me reste, pour finir, qu’une question : Le Saint Nicolas Sarkozy, en tant que ministre et président, il a sauvé qui ? La réponse va de soi. Pour utiliser le jargon judiciaire, la sentence est sans appel : les très riches !!!ENAN BURGOS
21 / 02 / 2012